Alice Mancinelli est médecin généraliste formée à l’hypnose ericksonienne et actuellement en cours de formation en Thérapie du lien et des mondes relationnels à l’Institut Mimethys. Elle exerce dans la région du Luberon depuis deux ans et demi. Lorsque je découvre les dessins d’Alice, je suis immédiatement attirée, comme envoûtée par la gamme et l’intensité des couleurs utilisées, le foisonnement des thèmes. Il y a là de la gaîté, de la vie, de la pétillance qui émanent de nombre de ses dessins. Des bébés des enfants, des animaux surprenants, des détails cachés... L’imaginaire est au cœur de l’oeuvre d’Alice Mancinelli, et ses dessins créent comme une esquisse de dialogue en sollicitant l’imaginaire du spectateur.

L’artiste nous entraîne dans son monde peuplé de bonheurs, de nature généreuse, de couleurs vives, de flamboyances. C’est un vrai régal. Tout un univers chargé d’émotions mêlées, faisant naître au regard des sentiments de sincérité, de partage, de retour aux sources, de premier matin du monde. Pendant de nombreuses années, Alice a vécu en Guyane, au coeur de la forêt amazonienne. C’est dans cette nature exubérante et mystérieuse, qui a profondément inspiré son imaginaire, qu’elle a porté ses deux enfants. A l’époque elle habitait une maison en bois complètement ouverte, immergée dans la forêt. « J’étais un sanctuaire au sein d’un sanctuaire, plongée dans une harmonie et une plénitude extraordinaires. »

En dessinant, Alice restitue traits à traits ce que la grande forêt d’Amazonie, ses innombrables arbres et cours d’eau, lui ont imprimé à l’oeil et murmuré à l’oreille. En parsemant çà et là des touches de modernité au gré des lieux et paysages. Alice n’a pas assez de mots pour décrire la passion intime qui la lie à la Guyane, son pays des merveilles : « Je revis tout comme dans une expérience hypnotique : l’air chaud et humide caressant la peau, des notes parfumées d’essences d’arbres et d’épices chatouillant les narines.

Toutes les nuances de vert saturant la rétine, les fruits tropicaux du jardin éveillant les papilles avec leurs incroyable saveurs. La douce symphonie de la nature nous berçant lors de longues siestes en hamac : les crissements des insectes, le tambourinement des pics, le chant des oiseaux, les coassements des grenouilles et des crapauds. Les feuilles frémissant au passage invisible d’un animal ou du vent.

Portée par le rythme des gouttes de pluie ou des cordes de pluie, portant mes bébés avec moi, en parfaite résonance. Dans cet état de transe hyperlucide, j’ai été possédée par une pulsion créatrice irréfrénable, je ne pouvais pas détacher mon crayon de la feuille tant qu’elle n’était pas aussi saturée que mes sens. Je retrouve cet état très inspirant encore aujourd’hui, souvent dans le silence de la nuit. J’aime dessiner, en absence de formation académique mes dessins sont tels qu’ils sont, sans règle ou technique, chacun d’eux est une gestation dont le résultat est une surprise.

J’ai quitté la Guyane sans vraiment qu’elle quitte mon âme et mes viscères, cette majestueuse forêt est entrée en moi comme un esprit ancestral et restera ma maison secrète, mon sanctuaire, mes racines secondaires, mobiles et étalées comme celles des mangroves. En décembre dernier nous y sommes retournés, comme dans un rêve qui revient. Les enfants ont pu réveiller leurs premiers souvenirs sensoriels et recevoir, cette fois-ci par voie directe, l’esprit ancestral de la forêt amazonienne. La prochaine étape du voyage sera le retour en Italie....