Pour qui aime la montagne, les pics, les cimes, les sommets élancés ou tout en rondeur, les crêtes découpées et autres éperons rocheux, tomber sous le charme des créations de Gabrielle Grimaldi est comme une évidence. Une bonne partie de son œuvre célèbre les montagnes, leur silhouette, leurs lignes de crête et de force, reliefs hauts en couleur animés ici ou là par la silhouette d’un promeneur, d’un randonneur. Sans oublier son petit monde minéral où se côtoient silex, cailloux et cairns. On découvre aussi dans l’univers coloré de l’artiste des fleurs, des guirlandes, des nuages piquetés, tout un patchwork de motifs inspiré des textiles, de la dentelle, des assemblages et associations de figures géométriques. Un univers graphique où abstraction et figuration se font écho, une poétique de la nature mêlant le bois et le papier, l’aquarelle et le trait de crayon.

Gabrielle Grimaldi vit dans le nord de la Drôme depuis 2007. Elle travaille à Romans-sur-Isère. Après une enfance passée en Corse, entourée de montagnes, elle a choisi de partir pour des études d’arts appliqués à la faculté de Toulouse, puis à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne. « Touche-à-tout dans la création d’objets », comme elle se définit, Gabrielle confie avoir une vraie attirance pour les matières brutes : le verre, la céramique... Elle dévie un temps de son chemin artistique pour travailler pendant plus de dix ans dans la communication institutionnelle. « Mais l’envie de plus de liberté créative s’est imposée à moi, raconte-t-elle, et j’ai décidé de créer mes propres images à temps plein, un peu comme un retour aux sources. Je me suis tournée naturellement vers l’aquarelle et le crayon. L’aquarelle pour le jeu infini des couleurs et des transparences, le crayon pour la précision du trait et des détails. La nature est devenue ma source première d’inspiration, dans tous ses états et à toutes les échelles.»

Ses images et paysages nous invitent à un « voyage avec les yeux » : « Avec mes images, je vais à la rencontre des gens et je me rends compte d’un désir commun, celui de renouer avec des émotions simples. Mes images naviguent volontiers entre motifs purement décoratifs et scènes de paysages imaginaires. Les limites ne sont pas toujours établies d’avance, elles se jouent parfois à un détail – une silhouette de personnage, un objet – qui invite le regard à s’évader, à s’échapper du cadre. »

Parfois on se sent petit face aux montagnes. Même si le support est de format réduit, on s’immerge dans l’œuvre et l’on se retrouve à camper au sommet d’une montagne, à jouer au funambule au-dessus des arbres, à touche-touche ou presque avec les nuages...

Ce qui m’a immédiatement attirée dans les œuvres de Gabrielle Grimaldi, c’est la poésie qui s’en dégage. Toutes ces montagnes, ces reliefs, ces couleurs... C’est grâce à un petit détail que le regard du spectateur est guidé. Nous sommes alors invités à faire une randonnée virtuelle, l’échelle est donnée par un petit objet. Parfois Gabrielle nous invite à entrer dans une sensation. Elle précise : « Il m’arrive de revenir sur des créations au bout de six mois pour apporter la dernière touche et achever le travail. » Les temps de création de notre artiste sont divers. Elle ne peut pas en décider mais se laisse plutôt porter par un besoin d’expression, par une sensation du moment, ou tout simplement l’envie d’un petit geste de fin de journée. Parfois la musique l’accompagne. Gabrielle est très sensible à la thématique de l’écologie et ses œuvres sont comme de curieux appels à retrouver une nature préservée, à recomposer l’idéal. À ce jour, Gabrielle n’a jamais illustré un ouvrage. On pressent pourtant qu’il suffirait d’une rencontre…